Catégorie : Conseil d’État

  • Parentalité: signaux favorables pour un congé équitable !

    Parentalité: signaux favorables pour un congé équitable !

    Les Socialistes et les Vert-e-s genevois-es, avec l’appui des député-es du groupe Le Centre, ont obtenu le vote de deux textes (hélas non-contraignants) aux niveaux fédéral et cantonal, allant dans le sens de l’instauration d’un véritable congé pour les deux parents lors de la naissance d’un enfant.

    Le premier texte est une résolution socialiste à l’Assemblée fédérale demandant instamment la mise en place d’un congé parental au niveau fédéral. Initialement, cette résolution ayant été déposée en février 2019 soit notamment avant le vote de l’initiative 184 « Pour un congé parental maintenant! », le texte demandait à ce que l’Assemblée fédérale autorise les cantons à offrir un congé parental équitable aux deux parents en cas de naissance d’un enfant. Pour tenir compte de cette nouvelle donne cantonale, le contenu de la résolution a été amendé et simplifié, de manière à réitérer le souhait de Genève de pouvoir instaurer le plus rapidement possible un véritable congé parental.

    Le second texte adopté est une motion invitant le Conseil d’État à octroyer un congé parental de 20 jours à l’ensemble des collaborateur-ices de l’État qui ne bénéficient pas du congé maternité. Cette formulation inclusive permet de prendre en compte les familles homoparentales. Actuellement, seul un congé réduit de 10 jours est octroyé aux pères fonctionnaires en cas de naissance d’un enfant. En attendant de pouvoir étendre une mesure similaire à toute la population, l’État-employeur se doit d’être proactif et de donner l’exemple.

    Les Socialistes se félicitent de ces votes, qui ne sont toutefois malheureusement pas contraignants… Il n’y a donc plus qu’à espérer que les autorités fédérales et le Conseil d’État entendront cet appel et agiront en conséquence. Genève n’a que trop attendu, il est temps d’aller de l’avant avec un véritable congé parental ambitieux et équitable pour les deux parents !

    Lire le rapport de la commission des affaires sociales sur la résolution

    Lire le rapport de la commission ad hoc sur le personnel de l’État sur la motion

  • «Rebondir, réinventer, réinvestir» par Thierry Apothéloz, Conseiller d’État

    «Rebondir, réinventer, réinvestir» par Thierry Apothéloz, Conseiller d’État

    Texte paru dans le journal du PS Vernier, la Minute Commune, de septembre/octobre 2021

    La crise que nous venons de traverser – et que nous traversons encore – va laisser des traces, c’est indéniable. Certaines vont s’effacer avec le temps, d’autres resteront longtemps indélébiles. Pour l’instant, le reflux des cas graves permet de maintenir le système sanitaire à flots et la reprise progressive de l’économie s’annonce prometteuse. Il reste cependant beaucoup à faire au niveau de la fracture sociale, que la crise a contribué à brusquement amplifier, fragilisant une grande partie des habitant.e.s du canton, dont beaucoup se retrouvent durablement dans une situation de pauvreté et de dénuement inacceptables.

    Pour faire face à cette crise, l’État a rapidement appris à rebondir, réinventer et réinvestir. Et c’est d’ailleurs dans ce sens que je porte actuellement une réforme ambitieuse de la loi sur l’aide sociale, qui permettra de tenir compte de toutes les situations de précarité et de les combattre efficacement. Les leçons de la crise doivent en effet aujourd’hui être tirées dans toutes les politiques publiques que nous mettons en œuvre, particulièrement dans l’action sociale qui doit être considérablement renforcée.

    Commençons par rebondir, en gardant à l’esprit que la pauvreté peut survenir – et toucher presque tout le monde – en un rien de temps. Je veux ainsi considérablement renforcer les mailles de notre filet social, non seulement pour le présent, mais également pour parer à toute éventualité d’une nouvelle crise. Par exemple, on a vu combien les indépendant.e.s et celles et ceux qui bénéficient de contrats de travail précaires ont été parmi les premières victimes de la crise. Notre législation sociale doit s’adapter pour les considérer et les soutenir. C’est l’une des leçons que j’ai tirée de la pandémie. Et c’est dans cette direction que je vais investir.

    Réinventer, c’est repenser différemment notre manière de voir le monde et de faire autrement, pour éviter de reproduire les mêmes politiques d’exclusion qui maintiennent les personnes dans la précarité plutôt que de les en sortir. Il faut cesser de culpabiliser ou de punir celles et ceux qui peinent à s’insérer socialement ou professionnellement. Il faut au contraire renforcer le soutien et l’écoute, qui sont non seulement des principes de base de la dignité que je veux promouvoir, mais qui permettent de renforcer la confiance en soi. Un accompagnement bienveillant est la clé d’un suivi qui porte ses fruits. Et c’est là qu’il faut réinvestir, notamment par la formation certifiante et qualifiante. On sait aujourd’hui combien les personnes sans formation sont surreprésentées à l’aide sociale, alors même que Genève offre bien plus de places de travail qu’il y a de population active sur son territoire. Il est donc temps d’investir aujourd’hui dans les capacités et les volontés de celles et ceux qui souhaitent se réorienter et donner un souffle nouveau à leur horizon professionnel. C’est là également une nouveauté que je vais porter.
    La lutte contre les inégalités est au cœur de l’idéal socialiste qui nous rassemble. Elle est, de tous mes instants, ma priorité politique.

    Thierry Apothéloz
    Conseiller d’État

  • La dignité doit prévaloir pour chaque habitant

    La dignité doit prévaloir pour chaque habitant

    OPINION de Thierry Apothéloz, Conseiller d’Etat chargé de la cohésion sociale parue le 25 janvier 2021 dans la Tribune de Genève

    Le 7 mars prochain, les Genevois.es seront amené.es à se prononcer sur le référendum contre la loi relative aux indemnisations pour perte de revenus liée au Covid (L 12723). L’argument des référendaires tient en un seul argument: la lutte contre le travail au noir. Derrière cet argument certes recevable se cache un autre but moins avouable: la chasse aux personnes sans statut légal qui font potentiellement partie des bénéficiaires, parmi bien d’autres, de cette loi unique en Suisse, novatrice et ambitieuse proposée par le Conseil d’État.

    Pourtant, à l’heure où l’urgence est devenue humanitaire, il n’est plus temps de regarder la couleur du passeport pour assurer des conditions de vie dignes à celles et ceux qui participent pleinement à la prospérité de notre canton. Sous des conditions strictes de durée de travail et de séjour à Genève, cette loi est en effet destinée à toutes celles et tous ceux que la législation actuelle ne permet pas d’indemniser: personnes ayant cotisé moins d’un an à l’assurance-chômage (pour le chômage), n’ayant pas un taux d’activité d’au moins 20% auprès du même employeur (pour le chômage partiel), ayant des activités intermittentes en dehors du secteur culturel, mais aussi les personnes cotisant valablement à l’assurance-chômage sans pouvoir bénéficier de ses prestations, les indépendant.es qui ne peuvent être déclaré.es comme tel.es, les travailleur/euses du sexe ou encore les étudiant.es pratiquant des petits jobs ponctuels.

    La crise pandémique que nous traversons a eu des conséquences sanitaires dramatiques, accompagnées d’effets dévastateurs sur le plan économique et, bien entendu, sur le plan social. Les longues files d’attente pour des denrées alimentaires aux Vernets, auxquelles nous avons assisté au printemps dernier, sont encore dans toutes les mémoires. Si notre système social, nos assurances et nos filets de sécurité face à l’adversité de la vie protègent plus qu’ailleurs, il faut être conscient que nombreux/ses sont celles et ceux qui passent au travers, en raison de leur statut professionnel ou légal.

    Les millions investis à fonds perdus par la Confédération et les cantons ont permis de limiter la casse, mais une partie de la population échappe à toute forme d’indemnités. Cette aide financière, même si elle arrive avec des mois de retard, est tout bonnement vitale pour l’ensemble des catégories citées plus haut. Rappelons au passage que l’indemnité financière est unique et correspond à 80% de la perte de revenu. Elle servira notamment à rattraper des retards de loyers pour éviter l’expulsion, ou couvrir des frais médicaux pour
    accéder à des soins. Le report de l’entrée en vigueur de la loi, causé par ce référendum, engendre déjà un risque de précarisation aggravée pour des centaines de personnes et d’enfants. Le 7 mars prochain, il nous faudra affirmer une bonne fois pour toutes que toutes les victimes de la crise ont droit à des conditions de vie dignes. Notre cohésion sociale est à ce prix.